OUTILS ET MATÉRIAUX EMPLOYÉS DANS LA PRATIQUE DU KINTSUGI

Le kintsugi est un art ancestral japonais qui consiste à réparer les objets cassés en utilisant de la laque et de la poudre métallique. Ce procédé, qui remonte à plusieurs siècles, permet de sublimer les défauts de l'objet, en lui conférant une beauté nouvelle, une esthétique unique et une symbolique forte. Cet art demande une grande patience, un savoir-faire minutieux et l'utilisation de différents outils et matériaux.

  • Le kiurushi, ou laque de base, est la sève de Rhus vernicifera, l'arbre à laque présent en Extrême-Orient et en Asie du Sud-Est. Cette laque brute est un jus visqueux blanc-grisâtre, issu d'incisions pratiquées dans l'écorce de l'arbre. Après une série d'opérations (filtrage, homogénéisation et déshydratation), elle devient transparente et peut être teintée en plusieurs couleurs. Le kiurushi est utilisé dans la plupart des étapes de base du kintsugi, pour ramasser des morceaux cassés, pour faire des travaux de remplissage ou de restauration. La laque brute est utilisée pour le mélange mugi urushi avec Jinoko et pour le sabi urushi avec Tonoko. Lors du séchage, kiurushi vire au brun très foncé jusqu'à noir.

L'urushiol contenu dans la laque brute contient une enzyme appelée Laccase, qui est le catalyseur pour transformer la laque en un polymère naturel. Ce dernier se combine avec l'oxygène dans l'air humide et chaud d'une boîte de séchage appelée Muro. Si la température est trop élevée, la laque «meurt» et elle ne durcira pas. Il est donc primordial de respecter les conditions de séchage pour obtenir une qualité et une solidité optimales.

  • La laque noire, quant à elle, est utilisée en kintsugi comme laque intermédiaire pour donner une finition lisse après le travail de mugi urushi et sabi urushi. Sans cette couche intermédiaire, il est très difficile d'obtenir une finition suffisamment lisse pour appliquer avec succès une couche supérieure de laque rouge, puis la poudre métallique de son choix.
  • La laque rouge Bengara, plus élégante que la laque de base kiurushi, est composée d'environ 75% d'urushiol, par rapport à la laque de base. Sa teneur en eau est d'environ 15%. La nuance de couleur du Bengara urushi est due à l'oxyde de fer, principal ingrédient, dont la couleur varie en fonction de la finesse des pigments, du clair au foncé. Dans le procédé keshifun kintsugi, la laque rouge Bengara est utilisée pour les travaux de finition, lorsqu'on dépose la poudre métallique.
  • La terre de Jinoko, essentiellement composée d'une base de dioxyde de silicium contenant des gousses de diatomées fossilisées, est cuite au four après extraction et séchage puis broyée. Jinoko est utilisé pour les premières 

reconstructions dites Sabi urushi, composé de Jinoko, d'eau et d'un mélange de kiurushi utilisé après le mélange appelé mugi urushi, composé de farine, d'eau et de laque de kiurushi. Le Wajima jinoko est plus fin, appelé yonhenji (grade 4) pour une finition très lisse.

  • Quant à l'argile Tonoko, elle est un limon argileux plus fin, constitué principalement de silicate d'aluminium. Contrairement à l'argile de Jinoko, elle n'est pas cuite. Les micro-éléments influencent la couleur du Tonoko, qui peut varier du blanc (shiro Tonoko) au rouge (aka Tonoko). L'argile Tonoko est un composant essentiel pour l'amorçage des techniques de remplissage et de toiture de Sabi urushi. L'apprêt Sabi urushi, composé de laque Tonoko, d'eau et de kiurushi, crée un tampon pour les mouvements du support et permet la liaison optimale avec les couches de laque suivantes, telles que la laque noire et rouge.
  • La boîte ou armoire Muro, également appelée Furo (bain), est un appareil dont l'espace est hermétiquement clos, ne laissant ainsi passer aucune poussière. La température et l'humidité sont constamment surveillées pour assurer un séchage optimal. Le séchage, selon l'importance de la pièce à sécher (3, 7, 15 jours), est une étape très importante. Il est effectué dans le Muro, réchauffé et humide (≥ 75% d'humidité à environ ≥ 35 °C), et dont l'hygrométrie doit être constante. En effet, la particularité de la laque urushi est qu'elle ne peut sécher qu'en milieu humide ! Le séchage doit être complet pour garantir la qualité et la solidité de la laque.

En conclusion, le kintsugi est un art qui demande une grande attention aux détails, une grande maîtrise de la technique et l'utilisation de différents outils et matériaux. Parmi ces derniers, on retrouve notamment la laque brute kiurushi, la laque noire, la laque rouge Bengara, la terre de Jinoko et l'argile Tonoko, ainsi que la boîte ou armoire Muro pour le séchage optimal des pièces. Ces éléments permettent de sublimer les défauts de l'objet cassé, en lui conférant une nouvelle beauté et une symbolique forte.

 

Les brosses pour kintsugi sont des outils essentiels pour les artisans pratiquant cette technique de réparation. Elles sont disponibles dans différents styles et modèles, en fonction de la longueur des poils, de l'épaisseur et de la flexibilité de la brosse. Les brosses moyennes conviennent à la plupart des traits, tandis que les pinceaux fins ou très fins sont nécessaires pour réaliser des traits plus précis et délicats. Les pinceaux doivent toujours être déplacés de haut en bas, verticalement.

Toutes les brosses pour kintsugi sont en fibres naturelles et sont fabriquées à la main au Japon. Elles doivent être nettoyées avec de l'huile végétale et conservées avec une très fine couche d'huile qui doit être enlevée avant utilisation.

En ce qui concerne l'utilisation de l'or dans la pratique du kintsugi, il convient de noter que de nombreux objets soi-disant restaurés à l'or en vente sur internet sont en fait réalisés avec un alliage de laiton, de cuivre et de zinc, qui ne fait que créer une illusion d'or. Pour garantir une véritable réutilisation alimentaire des bols et autres tasses, il est préférable d'utiliser uniquement de l'or 24 carats et de la laque traditionnelle appelée Urushi. Ces matériaux sont les seuls à apporter une réelle valeur ajoutée à l'objet réparé.

 

  • La poudre de laiton est un métal facile à utiliser dans le kintsugi. La poudre de laiton utilisée pour le keshifun doré est extrêmement fine, ce qui la rend facile à appliquer et idéale pour apprendre la pratique du keshifun kintsugi. Elle est également beaucoup moins chère que l'or, ce qui est avantageux pour réparer des objets à moindre coût.
  • Enfin, pour l'application de la poudre d'or, il existe deux outils spécifiques : l'Ashirai-kebo, une brosse spéciale avec des poils de crin doux pour saupoudrer doucement la poudre d'or, d'argent, de laiton, de cuivre, d'aluminium... et éliminer l'excès de poudre, ainsi que le petit tube Funzutsu en aluminium ou en bambou, dont l'extrémité a été biseautée. Ce dernier est rempli délicatement d'un peu de poudre, qui se disperse sur la laque fraîche lorsque la laque tapote doucement le tube au-dessus de la laque à recouvrir.

  • Le Sumiko, ou poudre de charbon, est un élément crucial dans la pratique du Keshifun kintsugi. Elle est utilisée pour nettoyer les résidus de mugi urushi qui restent sur les pièces de céramique une fois qu'elles ont été séchées dans le muro. La poudre de charbon est fine et douce, ce qui lui permet d'éliminer délicatement la laque séchée sans endommager la surface de la pièce.

Cette technique de nettoyage est importante car elle permet d'obtenir une surface lisse et uniforme, nécessaire pour l'application de la laque noire et la poudre d'or ou d'argent lors de la phase de finition. La Sumiko est également utilisée pour nettoyer les outils de travail et les pinceaux, afin de les maintenir en bon état et de prolonger leur durée de vie.

Il convient de noter que la qualité de la Sumiko est essentielle pour assurer un nettoyage efficace et en douceur de la laque séchée. Les poudres de charbon de haute qualité sont fabriquées à partir de bois dur brûlé à haute température, ce qui donne une poudre fine et uniforme qui ne contient pas de résidus ou de contaminants. Il est important d'acheter de la Sumiko de qualité auprès de fournisseurs réputés pour garantir un nettoyage efficace et en douceur des pièces de céramique restaurées.